Christophe Sawadogo – Peintre

Né en 1972 au Burkina Faso, Christophe Sawadogo est élevé dès l’âge de cinq ans par sa tante, ses parents, originaires de Rouko, ayant dû émigré en Côte d’Ivoire.
Il habite Tikaré – province de Bam – et contemple dans son enfance toute la beauté du paysage sahélien ainsi que les nombreuses difficultés de ses habitants.

Désireux d’être au service des autres et remplissant les espoirs de sa tante, il souhaite être médecin. Intéressé dès l’école primaire par le dessin et la calligraphie, il remplit ses cahiers et ceux de ses camarades de dessins.*

Il décide finalement de suivre les cours d’arts et de communication à l’Université de Ouagadougou de 1992 à 1997 grâce au Pr. Jean-Pierre Guingané. Celui ci créera un département art face à la détermination de Christophe à vouloir apprendre l’art, rien que l’art.
C’est à cette époque que Christophe rencontre Ousmane Boundaoné (metteur en scéne et acteur culturel) et suit les cours des Prs. Raya Benjamin Sawadogo, l’un des premiers peintres d’art contemporain du Burkina Faso et J.P. Guingané. Ils lui feront découvrir les œuvres d’Antonin Arthaud et les calligrammes de Guillaume Apollinaire.

Il parfait sa formation auprès de la communauté cubaine présente au Burkina Faso pendant les années 90-2000, par des stages à l’étranger et à l’université libre de Bruxelles, Belgique.

Ses sources d’inspiration sont multiples et embrassent tous les arts, de la littérature aux pièces de théâtre du Pr Jean-Pierre Guingané, aux films d’Idrissa Ouédraogo, Gaston Kaboré ou encore de Djibril Diop Mambety. De ce dernier, il fera plusieurs croquis à l’université.
Plus tard, il réalisera les portraits des réalisateurs Idrissa Ouédraogo et de Gaston Kaboré, qu’il garde encore jalousement dans ses ateliers.

En 1996, une découverte va bouleverser tout ce qu’il a appris jusque-là. La carrière de granit de Tanghin et les femmes y travaillant. Ces dernières extraient de l’enduit blanc issu de roches mortes qu’elles utilisent, à la main, comme de la peinture murale.
Cette roche servira de substrat à certaines des toiles de Christophe. De ses dires, son meilleur stage est venu de cette pratique, de la terre peinte avec les mains, apprise avec ces femmes.

Dès lors, il veut une relation plus fusionnelle avec la toile. Toucher la matière, sentir les formes, l’histoire qui s’en dégage et laisser son imagination guider ses mains dans l’exécution.

Christophe Sawadogo a participé a des expositions individuelles et collectives au Burkina Faso, au Sénégal et au Mali mais aussi en Europe: en France, en Allemagne, aux Pays Bas, au Danemark, en Finlande, en Norvège, en Espagne et en Belgique.

Il fonde la galerie ‘  Maan Neere’  en 2014.
Aujourd’hui, Christophe SAWADOGO plonge ses pinceaux au cœur des préoccupations sociales immédiates.

* Lorsque les femmes du village ont appris qu’il vendait du papier aux blancs, il a du faire face à un «  tribunal féminin  » soucieux de savoir s’il pouvait gagner sa vie ainsi et en toute honnêteté. L’air amusé, il explique qu’elle se demandait si ce n’était pas de l’escroquerie quand il lui révélait le prix de ses dessins.  «  Je lui ai dit que je pouvais vendre un dessin sur du papier à 150  000f, mais elle ne me croyait pas et quand je lui ai dit le prix d’une toile, là c’était la totale. Très inquiète, elle m’a suggéré de changer de métier si ce n’est pas encore tard car elle craint que je me fasse arrêter pour arnaque. (Rires)  »

Voir son site internet :  Christophe Sawadogo

Laissons parler l’artiste
retranscription interview
Vidéo C. Sawadogo «  artist collaborating with Bianca couture  » par Gideon Vink, semfils production 2018

« Je réalise ces dessins à l’encre de chine et aussi à la terre, j’utilise cette terre de la route, en déposant le papier et les sachets d’encre sur les routes.
Quand les gens viennent à passer dessus, ils font éclater les papiers, faisant écouler l’encre sur le papier. Les gens ne sont pas prévenus, ils viennent, passent leur chemin, montent sur les papiers et cela dépose une tache, fait des couleurs sur les formes que j’ai préalablement dessinées par des caches.

Je vais vous montrer comment avec peu de moyen, on peut réaliser une œuvre d’art. C’est dans la rue, on dit que c’est un peu du street art (rire de Christophe) parce que c’est déposé dans la rue et c’est les gens qui sont passés dessus. Vous avez ici des traces de pneus, vous avez des gens qui ont marché sur le papier. C’est donc du street art à ma manière.

Ces traces, ces impressions sur le papier, le fait que les roues, les pieds, les pattes d’animaux, etc… tout ça vient à passer sur le papier, ça imprime leur marque sur le visage de ces filles (le dessin final est un portait de femme).
C’est exactement, ce que je pense des rapports que nous avons vis à vis de la société et ce que la société nous fait subir. C’est ce qui fonde parfois notre personnalité et cela laisse parfois des marques indélébiles.
L’injustice qu’on subit laisse parfois des traces indélébiles dans notre vie.

Les cicatrices que nous avons peuvent être intérieur, mais aussi physique, visuelles. C’est pour moi des sujets que je peux aborder dans ma création. Je montre que l’art peut être un témoignage de toute cette douleur que l’on porte.

J’ai aussi relevé des extraits d’articles qui défendent et parlent des droits à l’éducation, à la santé, le droit à la vie des enfants. Ces dessins parlent du droit à l’éducation, du droit à la santé, du droit à la vie, à la parole, au bonheur tout court.

Pour moi, c’est aussi un moyen, par les truchement de l’art, d’exprimer la souffrance profonde que ces personnes ont enduré ou continué d’endurer alors qu’elles ne demandent qu’à vivre.  »